Dans une interview à So Foot réalisée en mars 2019 publiée ce lundi, Yannick Cahuzac évoque notamment son départ du Sporting Club de Bastia à l'été 2017, lors de la rétrogradation du club en National 3, et son souhait de terminer sa carrière au SCB.

Yannick Cahuzac

"Il y a eu ce match amical contre le Gaz où on a appris qu’on était rétrogradés en National 1. Là, c’est le chaos. On était assis sous la guérite, avec Jean-Lou. (Il laisse un blanc.) Même les dirigeants du Gaz étaient tristes. Le Sporting fait partie de l’éducation, des mœurs, de l'histoire de la Corse. De la vie de milliers de personnes. Il fait partie de notre terre. On avait les larmes aux yeux en partant. On est allés manger chez Jean. On prenait conscience que c’était mort. C’était la fin d’une histoire, la fin de tout, on partait dans l’inconnu. Tu es anéanti, énervé, tu en veux à tout le monde. Tu as plein de sentiments qui remontent en toi : tristesse, haine, angoisse. Tu as l’impression d’être un volcan en éruption...

Je ne pensais pas qu’on tomberait aussi bas. Après, on est restés en famille. Avec les autres, on prenait un plaisir fou à se retrouver le matin. C’était dur de comprendre qu’on n’allait plus se voir. Mais le plus dur, c’était de se dire que Bastia, c’était fini. J’ai eu des contacts dès qu’on n'est pas passé en première instance. J’étais touché qu’on m’appelle, mais j’étais clair : j’étais lié au Sporting. Tant qu’il y avait un espoir de jouer en professionnel, je ne partais pas. Je ne m’étais pas projeté. Je n’ai pas bougé de Bastia. J’ai eu Nancy, Angers et le Gaz. L’ACA n’a même pas essayé. (Il sourit.) Quelques jours après, Gilles et Jean-Lou m’ont conduit à l’aéroport. Ça leur tenait à cœur. On s’est vite embrassé et je suis parti. On ne s’est pas éternisés sur les adieux. [...] Quand je pars, je pense que le club est mort. Je ne savais pas de quel niveau on repartirait. Je n’avais pas envie d’évoluer en CFA2. J’avais déjà connu ça et... Non. Voilà. Quitter mon club dans ces conditions, c’était un traumatisme sentimental. Un choix par défaut. Je ne peux pas dire que c’était un choix imposé, sinon les supporters vont dire : « On t’a pas mis un calibre sur la tête non plus. »"

 

Sa carrière au Sporting

"Peu de monde pensait que j’y arriverais. Jouer à ce niveau-là, c’était une fierté. À 32 ans, je n’étais pas fini et j’avais encore envie de jouer au plus haut niveau. J’ai très mal vécu la descente, mais je me sentais privilégié d’avoir trouvé un club. Je me disais : « Soit je reste dans le traumatisme, soit je continue. Certains sont au chômage, toi tu as la chance d’avoir un club en Ligue 1. » Certains pensaient que je ne pouvais réussir qu’à Bastia. Que je ne jouais que parce que c’était Bastia. Je voulais me prouver que je pouvais réussir ailleurs. Je ne me suis jamais vu comme le « capitaine emblématique ». C’était une fierté, mais je ne pouvais pas m’arrêter à ça. J’étais le capitaine du Sporting parce que j’étais performant sur le terrain. Si on te met capitaine, ce n’est pas parce que tu t’appelles Cahuzac. (Il tape sur la table.) Pour continuer à avoir ce brassard, il faut être performant au quotidien. (Il frappe ses phalanges sur la table.) Sinon, on te dit que tu joues parce que tu es le petit-fils d’untel, que tu es Corse. J’appréhendais ça. Je voulais le mériter. On ne fait pas jouer quelqu’un pour son grand-père."

 

La descente du SCB en 2010

"J’avais très mal vécu la descente en National en 2010. Contre Clermont, ils avaient brûlé la buvette en forme de canette d’Orangina. On se faisait insulter. On jouait devant 2000 personnes, et les trois quarts nous gueulaient de nous bouger le cul. On avait dit que c’était de ma faute. Je faisais attention à ce genre de choses. J’avais envisagé de partir, mais Hantz m’a convaincu qu’on allait vivre quelque chose de bien. Puis j’ai eu mon premier enfant en Ligue 2. Pour moi, je n’étais pas un joueur de Ligue 1. Je me suis dit que si je pouvais rester toute ma vie au Sporting, je le ferais. [...] J’étais heureux de rester au Sporting parce que c’est chez moi. Ce n’était pas pour avoir l’image du joueur qui n’est resté que dans un club."

 

Son souhait de finir sa carrière à Bastia

"La Corse me manque beaucoup. [...] À mon départ, un supporter avait laissé un très beau message en ligne. Enfin, à part qu’il disait que je m’étais fait bouger par Cédric Barbosa. Ça, j’aimerais bien le voir... Attends, je te la trouve. (Il prend son smartphone et cherche « lettre émouvante Cahuzac » (à lire en cliquant ici). Il la lit en entier et essuie quelques larmes.) Il me bouleverse. J’ai les larmes aux yeux. En fait, j’ai l’impression que ce message raconte toute ma carrière à Bastia... Il faut que je finisse là-bas. La seule chose qui m’inquiète, c’est physiquement. Si je rentre et que je ne peux pas tout jouer, je le vivrai mal. Je travaillerai comme un débile pour être prêt au combat."

 

L'interview en intégralité sur So Foot : cliquez ici.