Dans une interview sur SCB TV, Frédéric Antonetti, aux côtés du président Claude Ferrandi, a évoqué de nombreux sujets en plus de l'effectif et du mercato du Sporting : son expérience au Sporting et son choix de revenir, son nouveau rôle de coordinateur sportif, son projet pour le club et le nouvel entraîneur Benoît Tavenot.

Frédéric Antonetti | Photo RL/Anthony PICORE

 

Son expérience au Sporting

"En 2017, le club était en N3, comme je l'avais dit à l'époque dans les réunions, je ne voyais pas quel rôle je pouvais avoir à ce moment-là car je n'avais jamais connu ce niveau-là. Je ne voyais pas l'utilité de ma présence.

J'ai tout fait dans ce club. J'ai signé ma première licence en 1972. J'ai fait toutes les sections amateures, j'ai été stagiaire, j'ai été pro. J'étais entraîneur amateur, éducateur des débutants. Puis j'ai été entraîneur au centre de formation, et les circonstances ont fait que j'ai été l'entraîneur des pros. Le club m'a donné ma chance.

Il ne faut pas oublier 2017 et ce qui a été fait. Il faut rendre hommage à ceux qui ont été là et qui l'ont fait ! Le club était en National 3, aujourd'hui il est en Ligue 2 !"

 

Son choix de retourner au Sporting

"Il y a de la passion. Il y a deux choses qui m'ont fait replonger, la sincérité, il y avait des gens sincères qui m'ont expliqué comment ça fonctionnait. Et je me trouvais en tribune Nord, autour de moi je voyais des familles, des jeunes, je me disais : "ces gens-là méritent quelque chose". Je n'ai pas connu ça à mon époque, il y avait un noyau dur, on était en Division 1, plutôt dans les dix premiers, mais il n'y avait pas cet élan populaire. Avec cet élan populaire et en travaillant bien, on peut exister dans ce monde du football. J'ai exposé ma vision du football qui correspond à Bastia."

 

Son rôle et son projet pour le club

"C'est une autre étape qui commence. Je pense être plus utile dans ce que je fais aujourd'hui qu'en tant qu'entraîneur. Le club est sain mais pas très riche, on n'a pas de marge de manœuvre.

On va faire de la post-formation. Il faut amener les joueurs à potentiel pour avoir de très bons joueurs. Les "joueurs faits" on ne les aura pas, on n'a pas les moyens. Mais on peut prendre des joueurs à gros potentiel et les faire évoluer. C'est le projet qu'on propose. On va faire en sorte que le jeune Corse qui a du talent, on va s'en occuper. Il y en a un ou deux par an, par génération. Il ne faut pas les louper et s'en occuper. Un ou deux par génération, ça va vite. A nous de prouver aussi que quand ils viennent chez nous, ils auront leur chance. [...] A l'époque, on était allé chercher Coulibaly à l'AJB, François Modesto à Furiani, ça n'a pas fait plaisir mais ils ont fait carrière ! Ça fait partie de la confiance mutuelle qu'on peut donner.

Il faut un groupe "pro B" avec lequel on fait de la post-formation, composé de joueurs de 17 à 23 ans. Où on va intégrer des jeunes de National 2, N3, R1, en qui on a vu des possibilités. On leur donne la chance de s'entraîner tous les jours. On ne se limite en rien et ça vient de partout : de Corse en majorité, du continent, d'Afrique. Quand on voit l'équipe de France, sur 25 joueurs, 9 ont un parcours atypique, sans centre de formation. C'est dans cette catégorie-là qu'on veut exister et je pense qu'on a les moyens d'exister.

Il y aura des entraînements en commun le mardi et mercredi à l'Igesa entre le groupe pro et le groupe pro B. Je veux qu'il y ait des passerelles pour que cette post-formation existe. Bien sûr il faut 16 joueurs majeurs, on joue une compétition difficile. Auxquels on greffe 8 jeunes. Mais ça a déjà été fait par Claude, c'est une continuité. On va le faire avec une ampleur un peu plus grande."

 

Benoît Tavenot et le staff technique

"Benoît est un enfant du club, à 26 ans il était éducateur. Il a un amour fou pour le club. C'est un formateur dans l'âme. Il a une gestion humaine très forte, sur le plan tactique très fort, pour moi c'est un entraîneur de haut niveau. Là où les gens vont être surpris, c'est sa capacité de travail, il va falloir le suivre ! Je pense que certains vont décrocher, il faut suivre. La capacité de travail de Benoît est exceptionnelle.

Benoît a toutes les prérogatives par rapport à son métier d'entraîneur, je ne suis là que pour l'aider à bâtir un effectif.

Il y aussi Manu Giudicelli qui nous a rejoint pour le centre de formation, dans le même style. On a bâti un staff technique : Mighé Moretti adjoint, Lilian Laslandes, Dumè Agostini. On a des gens de qualité au club. Ailleurs ce n'est pas mieux. On est un peu comme ça en Corse, on croit toujours qu'ailleurs c'est mieux : ce n'est pas mieux, on sait faire nous aussi."

 

La réussite du SCB doit être collective

"Une réussite est collective : une équipe au sein du club, mais c'est aussi à l'extérieur. Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer. Les supporters ont un rôle énorme à jouer, ils le font mais je pense qu'ils peuvent faire encore mieux. On est en Corse, la solidarité n'est pas un vain mot. Il faut savoir traverser les périodes d'euphorie et les périodes difficiles. Est-ce qu'on veut véritablement installer un vrai club de football viable à long terme à Bastia, je dis que c'est possible. Parce qu'il y a 12 000 personnes quand l'équipe joue le maintien en Ligue 2. Et si demain on avait une réussite, peut-être que le stade sera trop petit, je suis sûr qu'il sera trop petit, je pense qu'il faut prévoir un peu plus. La réussite est collective."

 

 

Photo : RL/Anthony PICORE