Dans un long entretien accordé à Corse-Matin, Pierre-Noël Luiggi explique son projet de reprise du Sporting aux côtés de Claude Ferrandi. A la veille de la passation de pouvoir avec les anciens dirigeants.

Pierre-Noël Luiggi. Crédit: Corse-Matin

« Notre rôle, et j’insiste sur ce point, c’est celui de bonnes fées qui se penchent sur le nouveau berceau du club pour mettre en place les bonnes pratiques. Les dirigeants qui, peut-être un jour nous succéderont, devront se contraindre à une gouvernance radicalement différente de ce qui a pu exister par le passé. Notre vrai apport, ce n’est pas l’argent, ce sont les méthodes, c’est plus important que tout. Il n’y a pas d’hommes providentiels, il n’y a que des bonnes volontés soucieuses de construire sur le long terme quelque chose que les gens n’ont jamais connu. »

« Le véritable objectif, au-delà de la reconquête sportive, c’est de reconstruire un club tel qu’il n’a jamais existé, un club avec un mode de gouvernance qui soit transparent, collaboratif et durable. [...] En quarante ans, le club a fait plusieurs fois faillite et ce n’est pas exclusivement imputable aux dirigeants sortants, qui ont fait ce qu’ils ont fait.

La faute tient aussi à une mentalité de direction non collégiale issue de notre histoire et de notre tissu économique constitué de petites PME. Le groupe Ferrandi et le groupe Oscaro ne sont pas de petites PME, ils sont habitués à rendre des comptes à leurs banquiers et à leurs clients. Ils sont habitués à une direction beaucoup plus ample, plus développée, plus mûre. »

 

Il évoque par ailleurs la place des Socios dans le futur organigramme du club.

« Dans le modèle collaboratif auquel je fais référence, les Socios auront tous leurs droits. Ils seront associés financièrement et sur le plan de la gouvernance dès le départ. Cela peut être dans l’association dès qu’elle sera assainie, puis dans la nouvelle société dès sa création. Mais de tout ça, nous en discuterons ensemble. D’ailleurs, nous sommes en contact permanent avec les Socios. »

 

Pour initier leur projet, PN Luiggi et C. Ferrandi vont investir plusieurs centaines de milliers d’euros, avant de lancer des appels de fonds.

« Pour la première étape, celle de la consolidation, ce sera quelques centaines de milliers d’euros, on n’a pas encore le montant précis. Ensuite, aussi bien pour l’association que pour la société que nous voulons créer, nous allons faire des appels de fonds. C'est-à-dire que nous allons demander à toutes les bonnes volontés, et elles ne font pas défaut, de venir nous rejoindre : des entrepreneurs mais aussi toutes les forces vives de la Corse et amies de la Corse. On espère lever plus de 1,5 M€ pour la saison en National 3. [...] Il peut y avoir 50 actionnaires, il n’y aura qu’un seul patron. »

 

Côté sportif, l’urgence est de mise pour constituer un effectif et un staff technique.

« Nous avons adressé deux courriers officiels à la Fédération pour demander le report des quatre premières journées de championnat. Nous avons bon espoir d’être entendus. L’entraîneur peut arriver un tout petit peu plus tard. Le plus important, c’est de récupérer le plus vite possible les quelques joueurs qui nous manquent pour pouvoir s’inscrire à la première journée et ne pas avoir à déclarer forfaire le jour de départ de la compétition, fut-il décalé. Il faut y parvenir d’ici à la fin de cette semaine. [...] Ensuite, l’effectif gagnera en niveau de compétitivité. En National 3, on a la possibilité d’établir des contrats fédéraux. Ça coûte de l’argent, mais c’est normal pour un projet ambitieux. »

 

"Doter la Corse d’un centre de formation unique"

« La réouverture du centre de formation est une de nos priorités absolues. Une fois l’association sauvée et le budget structuré, notre objectif sera de doter la Corse d’un centre de formation unique, peut-être pluridisciplinaire, et extrêmement ambitieux. C’est un projet en soit, un grand projet sociétal, et c’est la raison pour laquelle la CTC, la ville de Bastia et d’autres collectivités viendront en discuter avec nous. Avec le temps, nous pourrons récupérer l’essentiel des infrastructures. »

 

Le PDG d’Oscaro évoque enfin les huit autres candidats à la reprise, qui ont finalement jeté l’éponge le 10 août. Et notamment Frédéric Antonetti.

« La porte est ouverte à tout le monde. Certains des candidats à la refondation nous rejoindront, j’en suis sûr. Mais il y en aura d’autres, je ne me fais pas trop de soucis à ce sujet non plus. »

« J’ai rencontré Frédéric Antonetti avec plusieurs autres personnes pas plus tard que jeudi dernier. Sa position est très claire : il est là pour aider. En Ligue 2, il aurait été ravi d’être le professionnel qui s’occupe du sportif. Le National, ce n’est pas son cœur de métier, il le dit lui-même. Je pense qu’il sera à nos côtés comme partenaire financier. Au niveau sportif, s’il est disponible, sa notoriété, ses compétences unanimement reconnues et son attachement au club font qu’il aura sa place et toute sa place le moment venu au Sporting. »