Invité de l'émission ML2 samedi (du site MaLigue2.fr), Régis Brouard s'est exprimé pour la première fois depuis son départ du Sporting Club de Bastia. Il revient notamment sur son départ et sur son expérience sur le banc bastiais durant plus de deux ans (octobre 2021 à janvier 2024), avec 98 matchs en compétitions officielles.

Régis Brouard

"On passe par plusieurs étapes. Déjà, on digère du mieux possible car ça reste toujours difficile à accepter. Ca reste une cicatrice. On se coupe un peu du foot. J'ai passé un mois à ne plus regarder de foot. [...] On fait aussi une "remise en question". Qu'est-ce que j'ai bien fait, mal fait ? Il y a tout un travail à faire sur soi-même. [...] On se prépare doucement à repartir."

"Quand vous avez la chance d'être passé par ce club, vous n'en sortez pas tranquille quand même. J'ai 57 ans, j'ai ma carrière, ça fait 20 ans que j'entraîne, eh bien je peux encore dire que ça a été une formation accélérée en passant par le Sporting Club de Bastia. Vous découvrez plein de choses, même dans le management, l'approche, c'est différent. Chaque club et chaque région a sa spécificité, il faut s'y adapter le mieux possible en essayant de comprendre tout le monde, comment ça fonctionne. Mais avec la complexité des êtres humains, des uns et des autres..."

 

L'ancien entraîneur bastiais confie avoir grandement apprécié son expérience au SC Bastia, un club passionné qui lui correspondait malgré ses imperfections.

"Je sors d'un club très particulier. Un club attachant pour ses imperfections aussi. [...] Ca a matché de suite car étant un homme passionné, j'aime être avec les gens passionnés. Malheureusement, la passion entraîne parfois des excessivités, d'un côté comme de l'autre. Bastia et la Corse sont habités par ça. Ca peut monter très haut comme ça peut descendre très bas. On est lié par un contexte de résultats, par l'histoire de ce club, par son passé. Il s'est passé tellement de choses. Quand vous arrivez là-bas, vous sentez bien l'histoire. Ce qui m'a frappé le plus quand je suis arrivé, c'est quand je suis entré sur le terrain, il y a une odeur, une âme particulière. On sait qu'il s'est passé beaucoup de choses ici. Cette sensation a toujours été présente à chaque fois qu'on jouait. Vous sentez ce truc particulier. Et puis il y a le contexte et l'environnement. Les résultats du Sporting font l'humeur des gens dans la semaine. Vous êtes le garant de leur vie du quotidien en fait. Quand vous ne faites pas ce qu'il faut sur le terrain, ce n'est pas normal, ce sont des choses qu'ils ne comprennent pas. Ca devrait être partout comme ça. Mais à Bastia comme dans d'autres clubs passionnés, c'est toujours plus."

"J'ai décidé de quitter le Luxembourg pour me retrouver à Bastia. Je peux vous assurer que les extrêmes vous les connaissez ! (rires) Vous passez d'une extrême à l'autre, il n'y a pas de juste milieu."

 

"A Bastia il faut leur expliquer ce qu'est le Sporting Club de Bastia"

Régis Brouard déplore également le manque de transmission des valeurs du club aux joueurs, notamment les plus jeunes.

"A Bastia et en Corse, il y a des choses qu'il faut respecter. Ca amène de l'excessivité parfois. Mais il y a des choses pour lesquelles vous ne pouvez pas mentir et tricher. Porter l'écusson de ce maillot et de ce club, ça a une vraie valeur pour les gens. Quand vous portez ce maillot, vous devez respecter l'histoire du club, y compris le drame qu'il y a eu, le respect de ces victimes. C'est très présent. Malheureusement, la nouvelle génération ou celle juste avant moi peut-être, ne sait pas ou ne comprend pas ça. Ou on ne leur explique pas. On n'explique pas suffisamment aux joueurs ce que représente le club. Leur faire voir l'histoire, pourquoi ce club existe, pourquoi il est descendu si bas et remonté si haut. On n'explique plus ça ! On essaye de leur faire comprendre ce que ça peut représenter. A Bastia il faut leur expliquer ce qu'est le Sporting Club de Bastia et ce que ça représente pour les gens. De mouiller ce maillot, avec des vraies valeurs. A Bastia il y a des choses qu'il faut respecter, et si vous ne le faites pas, on vous le fait sentir. Je peux vous assurer qu'on vous le fait sentir tous les jours (rires). Mais ça fait partie du charme de ce club."

 

"Les joueurs ont un égo démesuré"

Pour Régis Brouard, les joueurs, dans le football actuel, ont un égo démesuré.

"Aujourd'hui, les joueurs ont un égo démesuré. Quand ils font des bonnes choses, c'est toujours très exagéré. Quand ils font de mauvaises choses, c'est souvent très exagéré et ce n'est surtout pas leur faute. [...] Il est difficile de dire les choses concrètement aux joueurs car ils sont d'une grande susceptibilité."

 

Le podcast ML2 en intégralité :

 

Source : MaLigue2