Dans une interview au média Roman Le RDV, Gilles Cioni a évoqué la saison actuelle et ses difficultés, mais aussi son nouveau poste de recruteur et ses années en tant que joueur au Sporting. Pour l'ancien défenseur bastiais, les résultats en dents de scie du SCB ne sont pas une surprise.

Gilles Cioni

"Je ne suis pas surpris de la difficulté. Quoi qu'on en dise, on est un club en reconstruction. Il faut savoir ce que ça fait les chamboulements pour un club de repartir de la 5e division et de remonter en 2e division en très peu de temps. C'est très bien, on est allé très vite, mais il y a tellement de choses à structurer pour revenir à un niveau professionnel. En plus par rapport aux moyens du SC Bastia, on ne peut pas finir tous les ans 4e. Sinon ça voudrait dire qu'au lieu de 10 M€ de budget on en aurait 20. Du coup on ferait figure d'ogre, et on pourrait dire qu'on est déçu. Je ne suis pas surpris, on s'est toujours battu pour arracher le maintien. Et on s'est peut-être vu trop beaux tous ensemble, le Peuple bleu dans son ensemble. Se dire : "on a fini 4e, c'est facile de monter en Ligue 1, ça va se faire naturellement". Mais ce n'est pas facile. Le club a besoin aujourd'hui de tellement de choses : refaire un centre de formation, des infrastructures. On était en retard sur beaucoup de choses, déjà en Ligue 1. On ne peut pas gommer 5 ans dans les niveaux amateurs d'un claquement de doigts.

Je ne pense pas que ce soit manquer d'ambition, mais si on se maintient encore pendant 3, 4 ou 5 ans en Ligue 2, avec des droits TV réguliers, en structurant... Peut-être qu'à un moment donné on pourra se dire : "le centre d'entraînement est bien, le centre de formation est sur de bons rails, on va peut-être mettre un peu plus de moyens sur l'équipe pour jouer un coup". Comme on peut très bien finir dans les cinq premiers cette année, et il ne faut pas se priver de jouer la montée. Mais je ne suis pas surpris qu'on soit un peu en dents de scie, on revient de tellement loin. Mais ça ne me fait pas peur, je sais que le groupe va s'arracher pour obtenir le maintien. Il y a des hauts et des bas, sinon on ne serait pas un des plus petits budgets de Ligue 2.

(Concernant un éventuel parcours européen) On avait le 17e budget (en Ligue 1) et on est monté jusqu'à la 10e place. Il peut y avoir de belles histoires. Mais en l'état actuel du club, ce serait utopique. Il faut avoir des bases solides. C'est un club qui a tellement de folie, de passion, avec des supporters et des socios qui n'ont jamais lâché le club. Evidemment, c'est plus faisable à Bastia, avec un peu d'engouement et de folie, que dans un club plat. Il faut y aller étape par étape. Essayons de bâtir des fondations solides pour pouvoir peut-être un jour rêver plus grand."

 

Son nouveau rôle au SCB

Après avoir terminé sa carrière au Sporting en 2021, Gilles Cioni est nommé recruteur du club le 7 juin 2023, aux côtés de Pierre-Paul Antonetti.

"L'envers du décor, c'est un autre métier ! En ayant joué une quinzaine d'années au haut niveau, on arrive un peu à identifier. C'est un travail qui prend beaucoup de temps. Ça peut être frustrant car avec les moyens du club, ce n'est pas le meilleur joueur qu'on a vu qu'on va pouvoir engager. Ça me permet d'être connecté avec le foot. Mon cœur de métier c'est le foot, le sportif. Ça permet au recrutement d'être au contact du terrain."

"Avoir fait ma carrière à Bastia, je peux le comparer à un joueur qui a eu une grosse carrière à l'international, comme le Barça. Pour moi, ça avait la même portée. Porter le maillot bleu à la tête de Maure, le club de ma ville, que je supporte depuis toujours, c'est une fierté supplémentaire. Même maintenant quand je revois de vieilles images, notamment sur l'épopée de Bastia en 1978, je suis toujours très ému. De voir ce que le club représentait dans ces années-là et ce qu'il représente maintenant."

 

Ses meilleurs souvenirs au Sporting

Formé au Sporting Club de Bastia, Gilles Cioni est le seul joueur à avoir joué dans 5 divisions au sein d'un même club, du National 3 à la Ligue 1, suite à la rétrogradation administrative du SCB à l'été 2017.

"J'ai vécu les plus belles années du Sporting des années 2000. Malheureusement j'ai connu après la chute.

La finale de la Coupe de la Ligue a été émotionnellement très forte. On se retrouve au stade de France devant 35 000 Corses. On est 5-6 amis d'enfance pour une finale : François-Joseph Modesto, Yannick Cahuzac, Jean-Louis Leca, Julian Palmieri, Toto Squillaci et moi. On avait une belle équipe mais en face il y avait une des meilleures équipes d'Europe, c'était un Paris Saint-Germain incroyable. Quand on a vu tous ces drapeaux bleus et à tête de Maure s'agiter, on a eu les larmes aux yeux. On se revoyait 35 ans en arrière dans notre petit club de Furiani, avec François-Joseph et Jean-Louis. C'était quelque chose d'incroyable.

Après sur le match, on prend ce carton rouge et ce penalty au bout de 19 minutes. Le carton rouge sur Toto Squillaci est très sévère. On était aussi en délicatesse avec Frédéric Thiriez, qui n'était pas descendu nous saluer avant le match. C'est la première fois qu'il ne le faisait pas. On ne lui a pas serré la main quand on est monté récupérer notre trophée. Ça restera quand même un bon souvenir avec tout un peuple corse, un peuple bleu, qui est venu nous soutenir au stade de France."