Rentré de Bolivie en début de semaine après une déconvenue dans le club d’Oruro, l'ancien joueur bastiais Julien Benhaim revient sur cet épisode et fait le point sur la suite de sa carrière.

Julien Benhaim

 

Tout d'abord, comment tu vas ?

« Ça va, je vais très bien. Content d’être rentré en Corse et de pouvoir décompresser. »

 

Justement le rapatriement n’a pas été trop compliqué au vu de la situation actuelle ? Il y avait aussi un confinement en Bolivie ?

« Le rapatriement n’a pas été compliqué mais très long notamment dans les aéroports. J’étais en confinement et encore plus qu’en France car il y avait une interdiction de sortir. On ne pouvait sortir qu’une fois par semaine pour faire des courses. C’était très compliqué, en plus j’étais à l’hôtel je m’embêtais toute la journée. C’était vraiment long. Après je relativisais énormément donc ça allait. »

 

On a vu dans les médias que le club d'Oruro n'avait pas respecté ses engagements envers toi, est-ce que tu peux nous expliquer un peu ?

« Avant de venir le président me mettait beaucoup la pression pour venir très rapidement pour pouvoir jouer le match aller en Copa Libertadores et comment le plus rapidement le championnat. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour y aller le plus vite possible. Une fois sur place, je n’ai rencontré personne pendant une semaine. Puis je suis monté un peu dans les tours en disant qu’il était temps de rencontrer quelqu’un. J’ai vu le président qui m’a dit « il va falloir signer un nouveau contrat », car le contrat que j’avais signé était le contrat de l’ancien président. On a du renégocier un contrat et j’ai signé un nouveau contrat, qui était quasiment identique au précédent.

Puis les joueurs ont décidé d’arrêter de s’entraîner car ils n’étaient pas payés. Lors d’une réunion avec le président, il a dit qu’il allait nous payer un mois. Seulement le mois qu’il voulait nous payer, on n’avait travaillé que quinze jours, donc ça l’arrangeait de payer quinze jours au lieu d’un mois. Les joueurs ont pratiquement tous été payés, car certains n’ont été payés que dix jours ou une semaine. Quand il m’a dit qu’il voulait me payer seulement dix jours, je lui ai dit que c’était hors de question. Je voulais être payé en totalité et le remboursement des billets d’avion. Je lui ai dit que je voulais rentrer chez moi et que je n’acceptais plus cette situation. Il m’a alors dit qu’il pourrait me payer la semaine suivante avec les recettes des matchs à domicile. J’ai accepté en lui demandant de faire un compromis écrit et signé garantissant mon paiement. C’est ce qu’on a fait mais malheureusement, il n’a pas respecté cette parole non plus. Je l’ai attendu toute la semaine au club et en demandant à la secrétaire du club de l’appeler. Il n’est jamais venu. Il a voulu me payer 100 dollars... J’ai trouvé ça irrespectueux, j’ai décidé de vraiment tourner la page et de faire mon dossier pour la FIFA. »

 

Dans ce genre de cas, quels sont les délais pour les recours auprès de la FIFA ? Ça ne t'empêche pas de signer dans le club de ton choix une fois le confinement terminé ?

« L’avantage c’est qu’actuellement je suis libre. Au-delà de deux mois, sans résiliation, je peux signer dans n’importe quel club. Mon avocat s’occupe du dossier pour la FIFA. J’ai récupéré mon contrat, mon compromis, tous les documents et les frais que j’ai payé (hôtels, taxis, avion...). Je suis persuadé que tout se terminera très bien pour moi. Aujourd’hui, j’ai vu une interview dans laquelle l’avocat en Bolivie disait que j’avais signé un faux contrat, avec une fausse signature. Ils s’enfoncent de plus en plus. »

 

Du coup comment tu vois la suite de ta carrière ? En France ou pourquoi pas à l'étranger malgré cette mauvaise expérience ?

« La suite de ma carrière je la vois en Corse de préférence. Actuellement je me vois retourner à Furiani. Je n’aimerais pas forcément partir sur le continent ou encore à l’étranger. J’aimerais vraiment rentrer définitivement et me poser. J’ai fait le tour, je n’ai plus envie d’aller à droite, à gauche, de faire un an ou six mois. »

 

D'ailleurs est-ce que tu as eu des contacts avec le Sporting depuis ton départ en 2018 ? Ou plus récemment avec le nouveau coach Mathieu Chabert ?

« J’ai eu un contact assez rapide avec Stéphane Rossi l’année dernière après ma saison à Marignane. J’ai voulu rentrer donc je l’avais appelé, il m’avait répondu par texto négativement. J’ai donc laissé tomber et depuis je n’ai plus eu de contact, y compris avec le nouveau coach. Ce que je ne comprenais pas c’est de m’avoir refusé de m’entraîner avec eux pour garder la forme. Je lui avais dit que je n’avais pas trouvé de club et que j’aurais aimé m’entraîner avec eux et que s’il était intéressé, il pouvait compter sur moi. Il m’a répondu que dans les cas c’était négatif. Qu’il ne veuille pas de moi c’est un choix que je ne conteste pas, mais le fait de ne pas avoir pu m’entraîner dans mon club formateur où j’avais passé des années, je n’ai pas trop compris. »

 

Sinon un petit mot sur la saison du Sporting ?

« La saison est très bonne, j’espère que ça se terminera très bien pour eux car ils méritent de monter. Même si les gens ont douté au début de la saison quand Sedan avait huit points d’avance, je ne me suis jamais inquiété pour eux. Ils ont un groupe formidable qui logiquement allait monter. J’espère que ça se terminera bien et qu’ils seront champions ou qu’ils pourront monter, ça serait mérité. »

 

Pour conclure, un mot de la fin ou un message à faire passer ?

« J’aimerais être clair sur quelque chose par rapport au fait que j’ai voulu partir. Aujourd’hui je ne m’en cache pas, j’aimerais revenir au Sporting. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui je n’ai plus de club, même après ma saison à Marignane je voulais revenir. Quand j’ai signé à Furiani j’avais des propositions à l’étranger que j’ai refusé. J’ai voulu partir car je n’avais pas eu ma chance quand j’étais pro et même si je croyais énormément au projet du Sporting, en interne c’était assez différent, un peu plus compliqué. J’ai peut-être pris la mauvaise décision de partir mais je ne regrette pas. J’ai vécu des choses, rencontré des gens et vécu des expériences extraordinaires. J’ai beaucoup appris. Maintenant que j’ai plus d’expérience, j’aimerais me poser et avoir un projet durable et intéressant. Forcément, le Sporting est intéressant pour le club qu’il est et son projet est intéressant pour tout le monde, qu’on soit en début ou en fin de carrière. J’aimerais revenir au Sporting, même si j’ai voulu partir une année, je l’assume. Je suis prêt à mettre le passé de côté s’il y a des choses négatives à retenir et revenir, je ne m’en cache pas ! »

 

Merci à Julien pour sa disponibilité et sa sympathie !