Invité de l'émission Tutti Foot sur NRJ Corse ce mercredi, Claude Ferrandi a longuement fait le point sur la situation sportive compliquée du SC Bastia, qui court toujours après la victoire après 10 journées. Le président bastiais a notamment évoqué le mercato estival, le besoin de recruter un joueur, ou encore des décisions arbitrales souvent injustes envers le Sporting.

"Le Sporting Club de Bastia dans sa globalité n'est pas en crise. On a une crise sportive, un manque de résultats. Il n'y a pas de crise. On est en train de chercher les éléments pour inverser cette tendance, pour retrouver des résultats positifs. Pour qu'on soit sur quelque chose d'un peu plus conforme à un statut de club de milieu de tableau de Ligue 2.
On croyait qu'on allait être performants pour faire au minimum la même saison que l'année dernière. On pensait finir au minimum 8e, mais on pensait faire un peu mieux, accrocher les play-offs. Le projet n'est pas ébranlé, il se porte sur le moyen-long terme. Aujourd'hui, on est sur du court terme."
Le renfort souhaité
Concernant le renfort annoncé comme conclu par Benoît Tavenot, Claude Ferrandi a concédé un retournement de situation mais indique que des contacts sont en cours, notamment avec Farid Boulaya.
"Benoît s'est avancé vendredi en disant qu'il allait y avoir une recrue. Le problème, on était à deux doigts de faire cette recrue, mais ça recule. Les raisons sont multiples. Des noms inscrits sur notre tableau, il y en a beaucoup. [...] On ne peut pas prendre une recrue qui n'a pas d'expérience. Des bons joueurs, Fred en a, mais ce sont des jeunes joueurs. Ce serait encore prendre le risque de dire : "il va falloir qu'ils s'adaptent".
Comme l'a dit Benoît, le joueur qui doit arriver, c'est le joueur sur lequel je ne dois pas me poser la question. C'est le premier que je mets sur le tableau de la composition de l'équipe. C'est ça qu'on cherche et qu'on essaie de trouver.
Est-ce qu'on a les moyens de faire une recrue ? Oui. On a les moyens de recruter. On a bien vendu, et l'arrivée des nouveaux investisseurs a été salvatrice dans le projet. Car vendre sans l'arrivée des investisseurs, ça n'aurait pas suffit. Je pense que Lamine Cissé est très bien vendu : 2,5 M€ cash. La DNCG regarde le cash que vous avez pour assumer votre saison. Les investisseurs compensent grosso-modo les droits TV mais pas totalement. Malgré l'arrivée des investisseurs, il fallait qu'on trouve 3,8 M€ de trésorerie. On a eu 2,5 M€ avec la vente de Cissé. On vend Christ Oulaï 6,5 M€ (échelonné sur deux saisons, ndlr). Sur ce montant, on ne garde que 60 % du produit de la vente, soit 3,9 M€. Sur ces 3,9 M€, on ne va toucher que 2,5 M€ cette saison, pour lesquels 40 % (1 M€) vont être rétribués au club formateur, plus les commissions d'agents. On est un peu en dessous de ce qu'on avait prévu de notre besoin de trésorerie (3,8 M€). Ce qui nous a permis de passer devant la DNCG.
[...] On n'est pas capable d'acheter un joueur. On n'a pas le droit de faire un transfert. Il faut que ce soit un joueur libre.
On a beaucoup discuté avec Wahbi Khazri, il a eu besoin d'un temps de réflexion. Il ne s'estime pas en capacité de pouvoir. Ça fait 4 ans que je veux recruter Wahbi.
Les discussions sont en cours avec Farid Boulaya, il est plutôt enclin à venir nous rejoindre. Il aurait une offre d'un club du Qatar. Les discussions sont très abouties. Farid a parlé avec Fred Antonetti et le coach. Il y a d'autres joueurs.
André Ayew (en contact également avec le club) a dit : "si ça avait été un club de Ligue 1, je serais dans l'avion de suite". Il a vu nos matchs, il ne comprend pas comment on peut être dans cette position-là. Et il a dit : "Le foot vous savez comment c'est. Aujourd'hui je vous dis non, mais autant mardi je suis là."
Aujourd'hui, personne n'a dit : "Ok je viens", parce que c'est compliqué. Flavien Tait était aussi une option (le joueur a signé à Rodez, ndlr). Nicolas de Préville, je ne sais pas si Fred l'a eu au téléphone. Ce n'est pas un nom qu'on avait écrit en priorité." [...]
On travaille tous les jours d'arrache pied pour faire en sorte que ce projet réussisse. Tout le monde a envie de réussir. On est conscient qu'il faut une recrue. Il faut qu'il ait une aura, un leadership, un métronome dans le jeu. Dans l'idéal on voulait deux joueurs, un milieu et un attaquant. Si on faisait André Ayew, on faisait un milieu quand même. Dans la mesure de nos possibilités. Au vu des discussions, on était plutôt partis pour faire ça. Un joueur comme ça demande dans les 12-15 000 € brut. Il faut peut-être une prime de maintien ou d'objectif de classement. Ce n'est pas un problème financier. C'est un problème de profil qualitatif."
Benoît Tavenot contesté par certains supporters en raison des résultats
"Je les comprends totalement. On a dit qu'on rentrait dans un projet. Benoît Tavenot, comme le dit Fred, est un entraîneur formateur, qui n'hésite pas à faire jouer les jeunes. Quand on est dans la politique sportive qu'on a décidé d'appliquer, il faut faire jouer les jeunes. C'est le sens du projet.
Je sais que les supporters doutent. Mais je veux voir ce projet aboutir, c'est pour ça que je suis là. Sinon je me serais barré quand on est montés en Ligue 2. Si c'était juste pour de la gloire, je me serais cassé. On serait monté de National en Ligue 2, j'aurais jeté les clefs en l'air et dit : "Voilà le club est sain, on est en Ligue 2 dans le monde professionnel, je m'en vais". On bâtit, je n'oublie pas la formation."
Le montant réclamé par le liquidateur judiciaire
"Il y a une épée de Damoclès depuis 8 ans et demi. Le liquidateur a fait cette action, le dossier avance. On était convaincus qu'on allait gagner ce procès. Les données changent, on a perdu en première instance. On a fait appel. La décision de première instance ne tient pas la route. L'association Sporting Club Bastiais avait touché de l'argent de la SASP, qui correspondait à une avance sur la subvention d'équilibre, que la SASP versait tous les ans. C'est le fonctionnement du foot français, la Fédération le demande : la société commerciale doit subvenir aux besoins de l'association. La SASP avait versé 700 000 € d'avance à l'association, le liquidateur veut les récupérer. Or c'est une partie de la subvention d'équilibre, on ne la doit pas. Le tribunal juge que nous aurions dû déclarer notre créance devant la SASP. On est à l'envers de ce que demande le droit. On est en appel, on va attendre la décision de l'appel."
Les décisions arbitrales
Vendredi à Troyes, Amine Boutrah a été victime d'un choc violent, qui lui a occasionné de multiples fractures de l'orbite oculaire et une commotion cérébrale. Malgré sa faute grossière, le joueur troyen a reçu seulement un carton jaune.
"Ce qui s'est passé (à Troyes) est absolument scandaleux. On a parlé avec les observateurs des arbitres de Ligue 2. Contre Pau, il y a une faute non sifflée sur Zakaria Ariss, qui amène l'égalisation. C'est une erreur manifeste des dires de l'observateur. Au Mans, le penalty contre nous est généreusement accordé, mais le nôtre n'est pas accordé. A Grenoble, Jérémy Sebas ne doit pas être expulsé, c'est le gardien qui fait faute. L'arbitre panique, il voit le gardien blessé et met rouge à Sebas. Et à Troyes, où il s'est passé ce que l'on sait. Et j'en oublie. J'estime qu'en 10 matchs, c'est beaucoup. Les observateurs disent : "c'est noté", mais ça ne change pas les résultats !"
Lisandru Olmeta
"Lisandru Olmeta, comme Sacha Contena, sont recrutés pour entamer leur progression et faire en sorte que Johny, qui a prolongé d'une saison, sorte tranquillement. Après, Johny nous accompagnera le temps qu'il faudra. S'il faut le prolonger encore une saison, s'il le mérite, si la nécessité s'en ressent.
Lisandru c'est un prêt sec. Notre but, ce n'est pas qu'il s'en aille. C'est un joueur corse, on essaiera de faire ce qu'il faut."
Les mots de Claude Ferrandi aux joueurs
"Le Sporting Club de Bastia ne mourra jamais. Il s'est toujours relevé. Il n'aura pas besoin de se relever. On va juste relever la tête de cette mauvaise passe. Chaque joueur doit écrire sa propre histoire. Il ne faut pas chercher à écrire l'histoire du Sporting, il l'écrit tout seul. L'avènement de chaque individualité fera l'avènement du collectif. C'est ce qui va se passer. C'est ma réflexion, je l'ai affichée (à l'IGESA). J'espère que les joueurs la lisent avec attention."