La DNCG a décidé hier de rétrograder à titre conservatoire le SC Bastia en National à l'issue de la saison. Le président Claude Ferrandi et Pierre-Noël Luiggi ont tenu aujourd'hui une conférence de presse pour expliquer les raisons de cette décision. Les dirigeants ont assuré que le club serait en trésorerie positive au 30 juin 2025, lors du prochain passage devant la DNCG.

Claude Ferrandi

 

Claude Ferrandi :

"On a présenté un budget révisé au 31 octobre 2024, qui fait apparaître de nouveaux produits, de nouvelles charges et un plan d'économies sur la masse salariale. Ce budget-là, en terme bilanciel, n'a pas été remis en cause par la DNCG. Quand on fait l'état des produits et des ventes, la DNCG trouve que notre bilan est dans la continuité et dans la conformité de ce que peut présenter un club de football. La DNCG s'est focalisée sur le besoin en fonds de roulement qui est créé par ce que nous avons établi dans notre fonctionnement.

Ce fonctionnement, ce sont les investissements que nous avons réalisés. Dans l'organisation de l'effectif professionnel, dans l'organisation du centre de formation, dans l'aménagement structurel. Des aménagements au stade avec les deux espaces VIP qui ont été créés. Des aménagements au centre de formation, qui ont un coût mais qui font avancer le club.

En face de ça, on a des produits traditionnels d'un club, et les ventes de joueurs. Les ventes ne sont pas encaissées au moment où vous effectuez la vente. En revanche, les investissements, vous les réglez de suite. Pour les ventes, il y a très souvent un échelonnement des paiements. C'est ce qui crée aujourd'hui notre besoin en fonds de roulement. Par exemple, Florian Bianchini a été vendu en début de saison. On a convenu avec Swansea le fait qu'ils allaient nous régler 2,3 M€ échelonnés sur 3 saisons. A ce jour, on a encaissé 400 000 € de Swansea. Derrière ça, on a un accord avec le club d'Amiens, auquel on doit une certaine somme (pour F. Bianchini) car on avait récupéré le joueur gratuitement. Il y avait un engagement de verser un pourcentage de la somme de la vente (à Amiens). Le Sporting a réglé la part qu'il devait à Amiens. Donc sur les 400 000 €, avec la part qu'on donne à Amiens, ça diminue aussi cette trésorerie.

Mais ce n'est pas une surprise pour nous. On savait très bien que ça allait se passer comme ça. On a toujours fait en sorte de trouver des revenus supplémentaires pour éviter d'être dans cette impasse. [...] On assume les investissements qu'on a fait. [...] On travaille avec des organismes financiers pour se faire financer ce reliquat de la vente de Florian Bianchini, pour essayer de récupérer de la trésorerie et continuer d'avancer. On est entré en contact avec des personnes locales pour qu'elles puissent nous rejoindre au sein du club en tant qu'actionnaires lambdas, ou alors pour apporter une somme conséquente et élargir le conseil d'administration.

J'ai toujours dit qu'on était un actionnariat malheureusement trop faible. On peut se targuer d'avoir près de 14 000 actionnaires (via la SCIC), qui ont investi une part à 50 € en 2019. Merci à eux ! Mais aujourd'hui, il faudrait qu'on soit 20-30 000 avec un actionnariat à une part. Ou alors que des gens nous rejoignent avec une prise d'actionnariat sur des montants plus conséquents. C'est là où on peut être fort. [...] Aujourd'hui, nous actionnaires, on n'est pas assez forts. Je n'ai pas peur de le dire, c'est la vérité."



Pierre-Noël Luiggi :

"Tous les ans, on sait très bien qu'il faut vendre des joueurs, serrer les boulons, faire des grands matchs. Rien ne change. La somme à trouver (2,3 M€ environ) est déjà là, les autres années nous ne l'avions pas. Des joueurs ont été vendus pour, à la fin de la saison dernière, un total de plus de 5 M€. Il nous reste plus de 2 M€ à encaisser. Même avec la baisse dramatique des droits télévisuels, qu'on a apprise début septembre, nous avions assez de réserves pour faire en sorte que le club soit en trésorerie positive au 30 juin 2025.

La DNCG a été prise la main dans le pot de confiture l'année dernière avec Bordeaux. La Ligue, dont fait partie la DNCG, est mal en point et critiquée tous azimuts. Ils se refont une santé sur le dos des clubs qui ont un modèle alternatif, qui sont en opposition avec la Ligue, ou qui sont en vraie difficulté. [...] J'étais présent en juin quand la DNCG nous a félicité pour le travail accompli. Et hier, elle nous dit : "c'est merveilleux le travail que vous avez fait, mais vous comprenez, il va falloir suite à l'affaire de Bordeaux, qu'on mette les points sur les i et qu'on fasse des rodomontades pour montrer qu'on existe". Ca n'est pas très sérieux."