Luc Dayan, spécialisé dans le sauvetage des clubs en difficulté, a été appelé depuis cet été par les nouveaux dirigeants du SCB pour aider le club à se reconstruire. Dans une longue interview à Corse-Matin, il présente son plan de sauvetage pour le Sporting.
« L’association est en meilleur état aujourd’hui qu’elle ne l’était au moment de la reprise. Avec Me Joëlle Aknin, l’avocate très pointue qui travaille à nos côtés, nous pensons qu’elle a été victime des défaillances de la SASP et qu’en aucun cas elle doit s’en trouver altérée, car la loi protège les associations. Maintenant, le liquidateur regardera si l’association a sa part de responsabilité dans le désastre de la SASP. La situation est complexe et paradoxale : ce qu’on désigne par club en France, c’est l’union des deux entités, association et société. Mais en droit, elles sont distinctes, seulement liées par convention. Ma mission consiste à renforcer l’association pour être le socle de ce qui va se passer après.
Il faut absolument que les dirigeants soient soutenus par les entreprises pour couvrir un budget imposé par la double nécessité d’assumer les coûts du centre de formation sans plus aucune recette et bâtir une équipe qui tienne la route. Côté supporters, le soutien est acquis de manière spectaculaire.
Non seulement la dette de l’association est discutable, mais elle doit elle-même récupérer de l’argent et va s’adresser au liquidateur en ce sens. Elle a été démunie d’un certain nombre d’actifs. Un seul exemple : des jeunes de l’association en formation ont pu quitter le club librement, au motif qu’ils avaient un contrat avec la SASP. On ne demande pas aux gens d’être actionnaires mais de sponsoriser le club sans crainte aucune. L’actionnariat, c’est le coup d’après. »
Au lieu de créer une nouvelle SASP (Société anonyme sportive professionnelle), Luc Dayan préconise la création d’une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif), une forme juridique créée en 2001 qui est selon lui plus adaptée au football.
« La SCIC colle à la perfection à ce qu’est un club de foot, plus encore au niveau amateur. A un certain moment, la loi oblige un club à devenir la propriété d’actionnaires privés alors qu’en réalité, c’est flagrant à Bastia, il est la propriété de tous. La SCIC permet précisément de réunir au capital et au conseil d’administration l’ensemble des parties concernées : investisseurs, entreprises, socios, salariés et même les collectivités, qui sont interdites dans une SASP. »
« Entre 3 et 5 millions d’euros, c’est ce qu’il faut pour permettre au club de se restructurer et de grandir de façon professionnelle et apaisée, en osmose avec celles et ceux qui le composent et qui l’aiment. [...] Une SCIC à Bastia, ce n’est pas seulement une bonne idée, ce serait aussi une première en France dans le sport. Dans l’idéal, (elle sera créée) au cours du premier trimestre de l’année prochaine pour gérer la saison en cours et celles des trois, quatre années à venir. »