La stèle érigée à Furiani à la mémoire des victimes ne doit pas être souillée le 5 mai 2012... Les hauts dignitaires du football national ont la mémoire très courte, et ils font la preuve, une fois de plus, de leur inconséquence.
Le week-end dernier, la Ligue de football professionnelle (LFP) a communiqué une ébauche du calendrier 2012, année de l’Euro. A la grande surprise du président Marc Riolacci et des membres de la ligue corse, les instances fédérales ont retenu la date du 5 mai pour la finale de la Coupe de France. Le jour même où toute la Corse célébrera dans le recueillement le vingtième anniversaire de la tragédie de Furiani survenu un soir de coupe de France, il n’est pas inutile de le rappeler.
« La LFP a sans doute voulu faire vite car, en effet, il y a un Euro en Ukraine à disputer à la fin de cette saison. Mais elle a oublié que ce jour-là marquera les 20 ans de la catastrophe de Furiani. Cette fois, je n’ai pas l’intention de passer », explique Marc Riolacci qui se souvient que l’an dernier déjà, une journée de L1 avait été programmée à cette date. Ce qui avait révolté les supporters du Sporting, l’ensemble des amateurs de football de l’île et même au-delà. Il s’agissait ce jour-là du sacre de l’Olympique de Marseille suivi d’une fête monumentale sur la Canebière.
Une promesse plusieurs fois reniée
Membre du conseil fédéral de la FFF, Marc Riolacci compte bien faire entendre sa voix dès la prochaine séance de celui-ci, le 25 février : « Le président de la Fédération à l’époque de la catastrophe, M. Fournet Fayard avait décidé qu’il n’y aurait plus jamais de rencontre de haut niveau le 5 mai. M. Simonet, qui lui avait succédé, avait honoré cette promesse. J’ai déjà téléphoné à l’actuel président, M. Duchaussoy, pour lui faire part du mécontentement de la ligue corse et je ne manquerai pas de le lui répéter de vive voix, dans quelques jours. Dans une option prioritaire de deuil et de respect des victimes, un report s’impose. On peut très bien renvoyer cette finale au dimanche 6 mai après-midi. Je ne vois pas qui cela pourrait gêner ».
Ce n’est pas la première fois que l’on insulte de la sorte la mémoire des dix-sept victimes, puisque d’autres journées de championnat avaient été programmées un 5 mai et même, en 2001, une finale de la coupe de la Ligue. Mais pour les 20 ans, ceux qui renient allègrement leurs engagements franchissent les bornes.
« Le vote d’une motion si c’est nécessaire »
Samedi soir au stade de Furiani, à l’occasion du match Bastia-Cannes, cette éventualité, émise par un porte-parole des supporters, avait été copieusement huée.
Ce sentiment de dépit est également ressenti par le président de l’assemblée de Corse. Dominique Bucchini : « Un tel oubli, et je veux bien croire que ce n’est qu’un oubli, n’est pas acceptable. Vingt ans après, on doit respecter la mémoire des victimes, manifester notre solidarité auprès de leurs familles et de tous ceux qui sont encore cruellement marqués dans leur chair. Faut-il rappeler que c’est un drame qui n’a pas seulement endeuillé la Corse mais tout le football français. J’espère que la Fédération corrigera son calendrier et reportera la finale au 6 mai. Si notre requête n’était pas entendue, je solliciterai le vote d’une motion unanime à l’assemblée de Corse ».
Il faut espérer que le recours à un vote solennel ne sera pas nécessaire et que la fédération, qui a eu sa part de responsabilité établie dans la tragédie, va revoir son calendrier, en y ajoutant ses plus plates excuses.
Source: Corse-Matin